Comme à ma fraîche habitude, mes cours se sont bien passés, les jeunes hommes regardaient les jeunes filles se demandant ce qu'elles pouvaient bien porté et les jeunes filles n'avaient d'yeux que pour moi. La routine quoi ! Enfin, je n'allais pas pleurnicher sur mon sort, parce que ce n'était pas mon genre. Pourquoi le ferais-je de toute façon ? Je suis beau, c'est de notoriété presque publique, d'ailleurs je me demandais quand ça le serait. Mes yeux bleus en avaient fait tombé plus d'une, et je ne m'en lassais pas. Sentir une jeune femme dans mes bras, ses baisers même si surement cela sera la seule fois pour elle qu'elles m'aient, pourquoi lutterais-je contre le désir ? Ce n'était pas moi, j'étais fait pour éprouver du désir, faire éprouver du plaisir à mes compagnes, qu'elles soient d'un soir ou de deux. J'étais comme j'étais.
C'est donc assez habitué que ce matin, j'avais trouvé sur mon bureau un petit mot, avec un nom et un numéro de téléphone. Je ne savais pas qui c'était, parce qu'à vrai dire, je ne me donnais pas la peine de retenir les prénoms. Après tout, pourquoi faire ? Les appeler pendant les cours ? Ils m'écoutaient et c'était déjà pas mal. Je ne connaissais les prénoms que des élèves que j'avais en cours particuliers, Maya par exemple. Elle est mignonne, intéressante et surtout j'adorais son don. Enfin, elle était quand même jeune pour moi, je ne me voyais pas aller plus loin avec elle, je la côtoyais trop pour ça. Enfin ce n'était pas d'actualité.
Finalement, Mary se présenta à mon bureau à la fin du cours et je pus accepter avec plaisir un moment avec elle. C'est qu'elle était très jolie, bien proportionné, bref, rien à redire de ce côté là. A ma pause, j'avais donc vérifier les salles de libre et avais donné rendez vous à cette charmante élève là-bas. Je ne me faisais pas d'idée sur ce qu'elle désirait, c'était simple comme 2 + 2 font 4. Enfin une fois qu'elle m'eut rejoint dans la salle, nous devrions être tranquille. Elle allait avoir ce qu'elle voulait... Coucher avec Liam Heathcliff, son prof. Les élèves je vous jure !
Elle finit donc sur un bureau, nos corps rapprochés comme normallement ce n'était pas autorisé et ses mains vagabondaient vers ma chemise, hésitant à s'attaquer aux boutons. Les femmes ! Je commençais donc, lui montrant que ce n'était pas si compliqué et mes lèvres rencontrèrent son cou, y déposant des baisers tandis que mes mains ne se génaient pas pour lui écarter les jambes, ma virilité contre son entre-jambe, avec pour obstacle nos pantalons. Quand même ! Je suis pour les préliminaires moi ! Enfin, je n'avais plus de chemise à l'heure qu'il était et ma ceinture, elle venait de se volatiser. Ma jeune élève était en soutien gorge depuis un temps déjà et mes lèvres partaient à la rencontre des siennes. Jusqu'à ce qu'une vois se fasse entendre... et qu'un sourire naquit sur mes lèvres.

- Si t'es jalouse Willow viens nous rejoindre et je te pris de ne pas insulter nos élèves. Et puis, je ne suis pas à moitié à poil, je n'ai juste plus de chemise, ce n'est pas la mer à boire, si ?

Lui demandais-je alors que j'étais bel et bien retourné vers ma chère collègue, tendant sa chemise à Mary. Se fut un sourire resplendissant que je lui montrais, ainsi que mon torse parfaitement dessiné. Ca se travaille et je le faisais à coup sur. Cependant je notais sur son visage que ça n'avait pas l'air d'aller fort, elle dormait la nuit ? Finalement elle se faisait sauter ? Peut-être qu'elle tricotait la nuit... ouais, ça me semblerait plus logique.

Je levais les yeux au ciel, nouveau soupir. Un soupir qui exprimant cette fois-ci l'exaspération que je ressentais en ce moment. Je tournais la tête en direction de la jeune fille qui était présente avec nous dans la salle. Un coup d'oeil qui dura à peine quelques secondes me permit de la reconnaître. C'était bel et bien une élève de l'université. Son nom m'échappait mais son visage, lui, m'était parfaitement bien resté en mémoire. Elle ne faisait pas partie de mes élèves mais je me souvenais l'avoir souvent croisée au détour d'un couloir ou bien le plus souvent, à la sortie du bureau du doyen de l'université. Elle était considérée au sein de l'établissement comme une mauvaise élève. Comme le genre de filles qui passaient plus de temps à se préoccuper de son apparence, de sa popularité, plutôt que de ses études. Le genre de dévergondée qui ne pensaient qu'a une seule chose à savoir, s'envoyer en l'air. Qui plus est, avec un professeur. Je devais avouer que je ne la comprenais pas. S'envoyer en l'air avec un professeur ? Pourquoi pas, si c'était ce à quoi elle aspirait. S'envoyer en l'air avec Liam ? Là, j'avais du mal à la comprendre. Je ne voyais pas ce qu'elle pouvait lui trouver et le simple fait de les voir ensembles me donnaient envie de vomir. Non, je sais ce que vous pensez. Et ne vous avisez pas de me dire que je suis jalouse, c'est tout simplement faux.
Mes yeux se posèrent alors sur Liam, qui tendait sa chemise à l'élève en question. Cette dernière ne se fit pas prier pour quitter la salle le plus rapidement possible, une fois sa chemise enfilée. Nous étions à présent seuls. Je me reculais de quelque pas jusqu'à atteindre une des tables de la salle où je m'asseyais. Dans le vide, je laissais mes pieds se balancer, une habitude que j'avais prise depuis mon plus jeune âge. Je continuais d'observer Liam, qui avait un sourire béat affiché aux lèvres. Un sourire qui me donnait envie de le frapper en pleine figure et de toutes mes forces. C'était dingue à quel point il pouvait me mettre hors de moi. Le simple fait de prononcer son nom, le simple fait de le voir me mettait dans tous mes états. Et pas de manière positive. Chaque fois que l'on se voyait, nos conversations n'étaient qu'une série de piques incessantes qu'on s'envoyaient l'un à l'autre. On aurait pu croire qu'on se connaissait depuis des années seulement notre petit jeu n'avait commencé que depuis quelques semaines. Auparavant, nous n'avions que de brèves échanges autour de la machine à café de la salle de professeurs. Des échanges tout ce qu'il y a de plus cordiaux et c'était uniquement par pure politesse que je lui adressais la parole, rien de plus. Tout avait changé le jour où je l'avais surpris avec une élève, encore une fois dans une salle de classe supposée être vide, en pleine séance de bouche à bouche. J'avais tenté de lui faire la morale, il m'avait envoyée balader. J'aurais pu le dénoncer au doyen de l'université cependant, ma bonté naturelle m'empêchait de le faire. J'avais gardé le secret. Seulement dans des situations comme celles-ci, j'étais vraiment tentée d'aller frapper au bureau du doyen. Un seul mot de ma part suffisait et Liam se retrouvait renvoyé.
Jalouse ? Sans y faire attention, je levais une nouvelle fois les yeux au ciel. Je ne pris pas la peine de lui répondre, laissant juste échapper un rire sans joie en guise de réponse.

« Oh que si, c'est la mer à boire. » lançais-je une fois que la jeune fille avait quitté la salle. « T'imagines si ca avait été quelqu'un d'autre qui avait ouvert cette porte ? Je sais pas moi, un autre professeur qui n'aurait pas hésité une seule seconde à te dénoncer. Ou pire, t'imagines si c'était le doyen qui avait ouvert cette porte ?! »

Il semblait prendre tout ceci à la légère, ce qui m'agaçait au plus au point. Mon regard dévia sur son torse, il n'avait toujours pas remis sa chemise. Aussitôt, je tournais la tête en direction du mur.

« Tu pourrais pas enfiler ta chemise ? » demandais-je alors, les yeux toujours rivés sur le mur et les pieds qui se balançaient toujours dans la vide.

Mary une fois son haut enfilé avait pris la poudre d'escampette à une vitesse qu'un instant je me demandais si ce n'était pas Speedy Gonzales. Puis je compris que c'était parce que Willow était franchement contrarié par cette situation. Quoi ? J'ai plus le droit de m'amuser ? J'y crois pas. Et en plus elle traumatise mon élève, vive l'ambiance en classe maintenant. Seulement, j'adorais la voir pas contente, au moins je savais qu'elle avait quelque chose dans le ventre et puis elle était de ces femmes qui étaient encore plus belle en colère. Enfin non qu'elle m'intéresse bien entendu ! Un peu trop coincé peut-être.

Cependant elle s'était reculé et sitôt seul dans la pièce, elle s'installa sur un des bureaux, les jambes se balançant. J'avais l'impression de voir une jeune fille là, s'ennuyant ou stressant. Mais cette réaction me fit sourire, alors que je l'entendis rire à ma proposition. Elle aurait pu nous rejoindre quand même, on se serait amusé. Et j'étais certain que maintenant que Mary n'était plus là, je ne me ferais pas Willow Wildworth, même pas je le lui proposerais. Je l'écoutais cependant me dire toutes les possibilités qui auraient pu se passer.

- Mais ce n'était que toi Willow, le doyen n'est pas rentré, aucun autre professeur n'est rentré à part toi !

Lui dis-je me jouant de cette situation, lorsque je vis son regard se poser sur mon torse, je souris, amusé par sa réaction de fuite. Son regard me fuya, se rivant au mur d'à côté. Adorable ! C'était adorable, elle me faisait marrer elle et son côté coincé. Si bien que quand elle me demanda de remettre ma chemise, j'hésitais quelques secondes, me demandant si je me mettais devant elle qu'elle serait sa réaction. Me taperait-elle ? Non, déjà qu'elle n'arrivait pas à me balancer. Seulement je finis par me dire que le jeu n'était plus aussi marrant, parler à quelqu'un qui ne me regarde pas ne m'intéressant nullement, je finis par remettre ma chemise, et ma ceinture aussi.

- A y est, je l'ai remis, tu n'as plus à détourner les yeux.

Déclarais-je, soupirant. Une vierge effarouchée, voilà à quoi j'avais affaire. C'était déprimant. Je m'installais à mon tour sur le bureau que Mary avait quitté et regardais ma chère collègue avec un sourire non dissimulé. Je venais de penser à un truc.

- Est-ce que je rêve ou tu t'inquiétais pour moi ?

Je ne pouvais m'empécher de la regarder faire, balancant les pieds dans le vide, si j'avais eu des pop corn, j'aurais très bien pu me demander quand elle arrétera de faire ça, réfléchir à ce qui pouvait bien se passer dans sa tête blonde. Bref, m'amuser sur son dos. Et lorsque je vis apparaître sur ses joues de l'embarras ? Elle s'était mise à rougir ! Pourquoi ?! Elle était un amusement tel que je souriais toujours. Si pour m'amuser autant je devais manquer de me faire une élève, je vais peut-être accepter plus souvent les propositions. Nous verrons bien, seulement lorsqu'elle me demanda si je n'avais aucun sens des responsabilités, je fronçais les sourcils. Responsabilités ? Qu'est-ce que c'est que ce mot ? Pourquoi se soucier des responsabilités quand on ne se soucie pas des autres ? C'était une question bête.

- Les responsabilités ça sert à quoi dis ? Je n'ai personne dans ma vie alors dis moi pourquoi je devrais avoir des responsabilités ? Je ne demande qu'à être tranquil, pouvoir vivre ma vie comme je l'entends.

Lui répondis-je, pourquoi me parler de responsabilités ? Sérieux, c'était surement l'invention la plus débile de l'homme. Les responsabilités d'un père de famille, mais qu'il est bête ! Et encore pire l'homme marié, il a des responsabilités envers sa femme, ses enfants si il en a. C'est à coup sur ce que j'éviterais le plus... Lorsque je me décidais à remettre ma chemise, après avoir bien profité du silence qui avait précédé. Je ne pouvais qu'être amusé face à son comportement de fuite. Elle fuyait même les hommes torse nu, c'était passionnant. Cette femme était passionnante ! Mais ne finirait jamais dans mon lit ! Ça non !

Je pense qu'elle s'inquiétait pour moi, ça ne pouvait être que ça. A part bien sur si m’empêcher de m'amuser était un nouveau passe-temps, pour ça, j'étais désolé, mais si elle comptait m'acheter une ceinture de chasteté ou m’empêcher de sauter une fille, elle aurait du mal. C'est moi qui vous le dis. Et sitôt que je lui eus parlé de ma théorie, je me fis instantanément envoyer balader. Pas du tout ? Sérieux ? Je n'en démordais pas. Mais soit, si elle le disait. Je n'avais pas pensé à ça... l'université et son image. Je balayais cependant cette inquiétude, me promettant d'y repenser quand je n'aurais pas Willow face moi.

- Si tu le dis... Je ferais donc très attention à qui je mets dans mon lit, comme ça tu seras soulagé et j'éviterais les petites élèves.

Annonçais-je en souriant, soufflant un coup pour empêcher mon fou rire d'éclater. Moi faire un trait sur des femmes potentielles ? Je doutais que se soit possible. Mais si grâce à ça je pouvais être tranquille, autant tenter. Je tenais malgré tout ce qu'elle pouvait bien penser à mon boulot, il était intéressant et surtout j'étais ici avec des personnes comme moi... à part.

Fatiguée, je l'étais. Épuisée, même. La nuit dernière, je n'avais pratiquement pas dormi et j'avais été contrainte de passer la soirée entière devant ma télévision. J'aurais pu sortir mais la distance entre le canapé et la porte qui me permettait d'accéder au couloir de mon immeuble m'avait semblé être beaucoup trop grande. Traverser toute cette distance aurait été un effort surhumain pour moi dans l'état dans lequel je me trouvais. Je ne prêtais donc pas une seule seconde d'attention à tout ce que Liam venait de me dire. Mon cher collègue ne pensait qu'a son propre intérêt, c'était une évidence. Je ne savais pas moi-même pourquoi j'avais posé cette question, dont je connaissais déjà si bien la réponse. Une réponse qui me désolait, je devais l'admettre. C'était plutôt triste de voir qu'il n'avait pratiquement rien dans sa vie qui avait un réel intérêt à ses yeux. Triste de voir que sa vie se résumait à un éternel tourbillon de femmes, de parties de jambes en l'air et des fêtes. Mais il était un adulte et ce n'était pas à moi de lui faire la leçon. C'était une cause perdue, à mon humble avis. De plus, je sentais mes paupières qui devenaient de plus en plus lourdes et je n'avais pas le courage d'essayer de lui faire la morale, comme je m'évertuais à le faire d'habitude. C'est pour cette raison qu'a sa réponse, je me contentais seulement de hausser les épaules et je restais silencieuse.
Pour une raison qui m'était inconnue, il avait toujours ce sourire stupide accroché aux lèvres. À quoi pouvait-il bien penser ? Et pourquoi est-ce qu'il continuait de me regarder de la sorte ? Quoi, j'avais quelque chose sur la figure ? Je ne pus m'empêcher de me mettre à bâiller, la fatigue avait prit le dessus sur moi. Je sentais que j'allais sous peu sombrer dans les bras de Morphée. C'était une évidence, j'étais en manque de sommeil. D'ailleurs, mon but initial en venant dans cette salle était de reprendre un peu de forces avant mon prochain cours. Chose que je n'avais pas pu faire à cause de Liam, voilà qui me donnait une raison de plus de ne pas l'apprécier. Il avait gâcher ma seule opportunité de récupérer un peu de sommeil, de paix et de calme. À cette pensée, je lui lançais un regard noir.

« Tu veux pas arrêter de sourire, comme ca ? On dirait un psychopathe qui a trouvé sa nouvelle proie. »

Sans le vouloir, j'avais lancé ses dernières paroles sèchement, ce qui n'était pas dans mes habitudes. Généralement, j'avais une voix qui était naturellement douce et posée selon les dires de mes connaissances. Un atout vu la profession que j'exerçais puisque je passais mon temps à parler en cours.
Nouveau bâillement. Il fallait que je trouve un moyen de faire sortir Liam de cette salle, que je puisse espérer avoir un peu de calme. Mais si je lui demandais, il serait sûrement intrigué et me poserait une foule de questions pour savoir pourquoi je tenais tant à rester seule ici. Et je refusais que cela arrive. Je refusais de devoir être obligée à me mettre à raconter ma vie, à parler de la raison pour laquelle j'avais tant de mal à trouver le sommeil.Et si un jour l'envie me prenait de le faire, ce ne serait sûrement pas avec celui qui se tenait en face de moi, l'air béat et qui semblait être sur le point d'avoir une crise de fous rires.

« T'es obligé d'être aussi con ? » demandais-je alors avec un sourire agacé, pour répondre à la réflexion qu'il venait faire.

La fatigue me rendait irritable. Plus irritable que je l'étais d'habitude lorsque j'étais en sa compagnie. Je poussais un soupire, cessait d'agiter mes pieds d'avant en arrière et descendit ensuite de la table où j'étais assise depuis plusieurs minutes déjà. Je n'avançais pourtant pas d'un poil, jugeant la distance qui nous séparait assez convenable pour que je n'ai pas envie de l'étriper.

« Bon, se regarder dans le blanc des yeux pendant plusieurs minutes, c'est plutôt ennuyant. Alors, si tu n'as rien d'important à me dire, tu pourrais pas t'en aller et me laisser tranquille ? Je sais pas moi ... T'as pas un cours à donner ? »

Elle avait une tête à faire peur. Elle faisait quoi la nuit sérieux ? Le tricot ? Elle cachait finalement son jeu et avait un homme dans sa vie ? Cette pensée me fit bizarre... mais je l'oubliais bien vite. A voir sa réaction je doutais fortement qu'elle ait un homme dans sa vie. En avait-elle déjà eu un dans son lit ? Je me le demandais. Enfin, ses yeux se fermaient presque tout seul, je suis même pas sur que des allumettes pour les garder ouvert tiendraient. Elle avait peut-être eu de la visite ? Avait bu trop de caféine ? Quelque chose qu'elle n'avait pas voulu louper à la TV ? Ou trop de cauchemars pour qu'elle veuille se rendormir ? Trop de trucs possible et je savais qu'à coup sur elle ne me dirait rien. Les femmes je vous jure ! Et puis ce qui me mettait la puce à l'oreille concernant son état, c'était que je n'avais pas eu le droit à une leçon de morale de sa part ! Ça c'était flippant, j'avais de quoi m'inquiéter ! Elle devait vraiment être crevée ! Lorsqu'elle me lança un regard noir, je restais perplexe et souris encore plus à sa question.

- Ne t'inquiète pas, tu ne seras jamais ma proie. Tu préféres que je pleure peut-être ?

Lui demandais-je hochant la tête, et puis quoi encore ?! Je souris si je veux. Est-ce que je lui demandais d'arréter de bailler moi ? Non, alors elle pouvait respecter ma joie de dialoguer avec elle, ou de l'embéter. Ouais, j'adorais l'embéter. Si bien que lorsqu'elle me demanda si j'étais obligé d'être aussi con alors là je me mis à rire. Trés bonne question ! Sincérement, comment l'avait-elle trouvé ? Je la félicite pour ça ! XD Elle se stoppa dans ses balancements et se releva, visiblement, je n'avais plus besoin de pop corn, ne bougeant pas pour nous rapprocher. Très bien.

- Aussi con ? Oui surement. Je crois même que c'est un don. Lui répondis-je tandis que je l'écoutais tenter de me virer en beauté. Pourquoi faire ? La laisser dormir ? Qu'elle n'y compte pas. Elle m'avait interrompue avec Mary, je l’empêcherais de dormir, donnant donnant. Les cours, si le prof arrive en retard ce n'est pas grave, en plus si je donne un faux espoir à mes élèves, c'est encore mieux. Mais non, je n'ai pas de cours à donner. "Désolé de te décevoir Willow, mais non, je n'ai pas de cours à donner. Ok, tu veux un sujet de conversation, ça marche. Qu'est-ce que t'as fait cette nuit pour être aussi crevée ? T'as une tête à faire peur."

Annonçais-je, de but en blanc. C'était un peu faux, elle n'avait pas une tête à faire peur. Enfin à s'inquiéter surement mais faire peur non, mais si je ne lui avais pas dit ça, surement me serais-je fait engueuler pour rien. Autant avoir une raison et puis, je doutais qu'elle me réponde. Mais elle voulait un sujet de conversation et je ne voulais pas la laisser dormir, donc voilà, j'avais trouvé et elle ne dormirait pas.

« Ce serait quelque chose de plus intéréssant à voir ... » lui répondis-je alors, lorsqu'il me demanda si je préférais le voir pleurer.

Et je le pensais car Liam devait être le genre de personne qui ne pleurait que très rarement, voir jamais. Exprimer ses sentiments ne devait pas être une chose qu'il avait l'habitude de faire et il devait avoir vraiment du mal pour accorder sa confiance. Sur ce dernier point, je devais avouer que je lui ressemblais à présent. Ça devait être un des rares point communs que nous avions et il n'était même pas au courant que nous en avions un. Depuis que mon fiancé avait perdu la vie dans un accident de voiture, j'avais du mal à faire confiance aux autres. Faire confiance à autres signifiait pour moi, devenir proches d'eux. Et je refusais de devenir à nouveau aussi proche de quelqu'un, de peur qu'il finisse par me quitter comme il l'avait fait. J'avais déjà du mal à supporter cette situation une première fois, une seconde fois m'achèverais sûrement.
Ça y est, les souvenirs me revenaient en mémoire. Je me souvenais du coup de fil qui j'avais reçu en pleine nuit, m'annonçant qu'il se trouvait à l'hôpital et que je devais m'y rendre le plus rapidement possible. Je me souvenais avoir ressenti une série de frissons en entendant cette nouvelle. Je me souvenais avoir dévaler les escaliers comme une folle, jusqu'à en perdre haleine, et être sortie comme une furie en direction de l'hôpital. Et je me souvenais ... Non, je refusais d'aller plus loin dans mes souvenirs. C'était trop dur, trop éprouvant pour moi.
Ma respiration commençait alors à s'accélérer à une vitesse bien trop élevée pour être normale, je sentais une sensation désagréable qui me nouait l'estomac et j'avais la tête qui commençait à tourner. Je reconnaissais les symptômes, je faisais une crise de panique. J'avais besoin de m'asseoir, encore. Je reprenais place sur la table que j'avais quitter quelques minutes plus tôt. Lentement, je fermais les yeux, passait les mains dans mes cheveux et prenait une grande inspiration histoire de me calmer. Le simple fait de repenser à toute cette histoire faisait naître en moi une vague de tristesse. Maintenant qu'il n'était plus de ce monde, son esprit semblait prendre un malin plaisir à me tourmenter. Il m'arrivait même parfois de le voir lorsque j'étais parfaitement éveillée et c'était ce qui me faisait le plus peur. J'avais l'impression de perdre la raison lorsque cela m'arrivait. Seulement, et heureusement pour moi, il était plus rare de le voir éveillée plutôt que lorsque j'étais dans les bras de Morphée.
Je pris une grande inspiration, ouvrit mes yeux en direction de Liam et retournait à la réalité. Je tentais de faire comme si de rien n'était, espérant qu'il n'aurait pas remarquer ma petite "absence". Apparemment, non puisqu'il était en plein monologue, expliquant qu'il n'avait aucun cours à donner et que quand bien même il devait y aller, cela l'amusait de faire patienter les élèves un peu plus. Mon dieu, ce qu'il pouvait être énervant à la fin !

« Rejettes pas ta frustration sur moi ! C'est pas ma faute si t'as pas pu conclure avec l'autre pou ... avec l'autre. Et puis quelqu'un aurait sûrement finit par entrer, donc estime toi heureux parce que je t'ai probablement empêcher d'avoir des gros problèmes. »

Je m'étais retenue pour ne pas insulter une nouvelle fois l'élève avec laquelle il était tout à l'heure, je n'avais pas vraiment de raison pour lui en vouloir de la sorte. Pour l'instant, la seule personne à laquelle j'en voulais se trouvait en face de moi et il se vengeait, comme un enfant se vengerait parce qu'il n'avait pas obtenu le jouet qu'il convoitait tant. Oh, je l'avais empêcher de prendre du bon temps et maintenant, il faisait tout pour m'énerver. Et ca lui faisait plaisir ! Vraiment, très immature. Sa dernière phrase m'interloqua, cependant.

« Une tête à faire peur, vraiment ? » demandais-je alors.

D'un seul coup, la colère était retombée aussi rapidement qu'un soufflé qu'on avait laisser cuire trop longtemps. J'avais vraiment une tête à faire peur, comme il le disait ? J'espérais que non. Non, je ne me souciais pas réellement de mon apparence à cet instant, mais plus du fait que les gens puissent voir si facilement que je n'avais pas dormi de toute la nuit. Je n'avais même plus besoin de faire attention à ce que je disais, mon visage me démasquait à la place avant même que je n'ai à dire un seul mot ...